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Julien Durand, opposant historique à l'aéroport « CE PROJET N'EST PAS UNE GESTION INTELLIGENTE DU TERRITOIRE »

© RONAN ROCHER

Cet éleveur laitier à la retraite a mené plusieurs combats pour défendre une agriculture paysanne. Son dernier défi : obtenir le retrait du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

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Il ne se passe pas une semaine sans que Julien Durand tienne la permanence de l'Acipa, Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Quinze ans que cette figure locale en fait partie. Mais plus de quarante ans qu'il s'oppose à la construction. « L'opposition du monde paysan au projet a été immédiate. L'Adeca, l'Association de défense des exploitants concernés par le projet de l'aéroport, a été créée en 1972. J'étais installé depuis peu et chargé de fédérer les habitants des communes voisines. Nous voulions mener une lutte large. »

ENGAGEMENT. À l'époque, Julien Durand a 25 ans et un fort engagement syndical. Membre de Paysans Travailleurs et du comité départemental des JA, il lutte alors contre « la surenchère foncière entre exploitants. » « Je me suis fâché et nous avons eu un mini-remembrement. Tout le monde y a trouvé son compte », constate-t-il.

PAYSAN NORMAL. À la tête d'une exploitation laitière d'une trentaine de vaches, Julien n'a jamais eu la folie des grandeurs. Avec son épouse, Bernadette, ils sont passés de 17 à 50 ha, progressivement. « Nous voulions une certaine qualité de vie, pouvoir partir en vacances avec nos quatre filles. » En 1983, il monte à nouveau au créneau. Cette fois, contre la mise en place des quotas laitiers. « On a été frappé de plein fouet. Je suis pour un encadrement des volumes, mais en lien avec les producteurs. Je suis contre l'industrialisation de l'agriculture. L'agriculteur travaille avant tout pour les hommes. » L'ancien responsable de la Cuma landaise a toujours travaillé pour que sa ferme soit reprenable. Si sa localisation, proche de la ZAD (zone à défendre), a freiné quelques candidats, elle n'a pas empêché sa vente. En 2006, Julien et Bernadette Durand ont passé le relais et débuté une retraite... active.

CONVICTIONS. « Il a toujours oeuvré pour une gestion intelligente du territoire », souligne Sylvie Thébaud, qui lui a succédé à la Confédération paysanne 44. « Le combat contre le projet d'aéroport l'occupe à 150 %. C'est un homme de convictions qui se bat en permanence pour les défendre. » Au point de s'engager avec Europe Écologie les Verts aux européennes de 2014. Une prise de risques qu'il ne regrette pas, mais qui lui a valu des critiques de la part de quelques zadistes. « Certains n'ont pas compris, me l'ont reproché. Mais dans l'ensemble, l'entente est cordiale avec les occupants de la ZAD. » Sauf lors des débordements de violence qui ont émaillé les dernières manifestations et qu'il condamne.

À 69 ans, le porte-parole de l'Acipa n'a pas l'intention de ranger sa casquette de militant. Il pense même à l'avenir et à l'après Notre-Dame-des-Landes. « Si l'on gagne, il faudra occuper la ZAD de manière durable, trouver le moyen d'attirer des jeunes agriculteurs. Il y aura encore du travail ! »

ADELINE LE GAL

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